jeudi 31 janvier 2013

La Vie Morte - Extrait premier jet 001

Voici un petit extrait du premier jet du roman (aka il n'a pas vraiment été retravaillé), et j'admets bien aimer cette petite scène ! J'espère vous aussi ! N'hésitez pas à me laisser votre avis si vous lisez.
Bonne lecture !

 ___________________________

Saêl ouvrit les paupières. Il retint sa respiration, mais la douleur attendue ne venait pas. Surpris, il tâta son corps à la recherche des blessures que Raerel lui avait infligées peu avant. Elles avaient disparu ! Comment cela était-il possible ?! Il remarqua alors qu’il se tenait debout, entouré d’un noir parfait.
- Parce que tu te trouves dans un rêve, répondit une voix inconnue à ses pensées.
L’anémologue sursauta, fit volte-face et aperçut une apparition curieuse, assise d’un air nonchalant sur un fauteuil invisible, sa cape d’un vert sombre qui semblait flotter dans le vide ne laissait visible que le visage et les mains aux fins doigts osseuses et longues griffes pointues.
- Il est facile d’appeler un humain dans un rêve, remarqua l’inconnu avec un sourire machiavélique. Essaie de faire pareil avec un Kuruka !
Il lâcha un rire, dévoilant ainsi des dents tranchantes. Saêl frissonna. La créature humanoïde avait baissé son capuchon, mais l’humain était capable d’apercevoir la moitié d’un visage à l’allure d’un parchemin gris-verdâtre, ainsi qu’un demi masque plein couvrant l'autre moitié, empêchant l'étrange apparition de voir, mais évitant en même temps que les autres ne voient ses yeux. Des cheveux d'une couleur oscillant entre le vert eau et l’argenté s’échappaient du capuchon, cascadant sur sa poitrine.
- Voyons, Saêl, as-tu avalé ta langue ? lui demanda l'apparition avec un petit ton narquois et méprisant dans la voix. Si oui, ne t’inquiète pas : vu que tu te trouves dans un rêve, tu la récupéreras au réveil.
L’inconnu fit un bref geste de la main pour accompagner ses paroles, faisant s’éparpiller la fumée couleur vert eau et à l’odeur mystérieuse, qui s’échappait de la longue pipe qu’elle tenait, dans le noir profond et surnaturel qui les entourait. L’anémologue remarqua avec surprise qu’il s’agissait du même genre de pipe que celles utilisées par son peuple. Fine et allongée, richement décorée avec des petits ornements taillés dans la matière. Il s’aperçut aussi que la fumée agissait étrangement, s'éparpillant bien plus qu'elle ne devrait. Instinctivement, il fit un pas en arrière, ayant un soudain doute sur son origine. D'autant plus que la créature ne portait pas la pipe à ses lèvres.
Oui il rêvait, et un rêve des plus étranges qui plus est ! Manquait plus que cela après une journée aussi déprimante que la sienne.
- Pas vraiment, soupira l’inconnu d’un air un brin ennuyé, mais toujours avec ce timbre narquois.
Il fit tourner la pipe dans sa main, envoyant la fumée dans le visage de l’anémologue qui toussa.
- Tu dors, et je t’ai sorti de ton rêve pour t’amener dans ce petit espace illusoire. TU es un rêve Saêl, mais le décor l’est pas. C'est juste une de mes illusions.
- Qui… êtes-vous ? balbutia Saêl tétanisé, tâtant encore une fois son corps comme s’il avait peur de soudainement disparaître ou devenir fantomatique.
Il remarqua alors qu’il était drapé des vêtements traditionnels de chez lui. Nostalgique, il devait avouer qu’il devait bien être un rêve, ou en tout cas, dans un rêve. Ce qui n’était pas vraiment rassurant. Est-ce que son esprit était si désespéré qu’il essayait de lui faire croire qu’une créature étrange l’avait enlevé de son rêve ? Après si peu de temps passé auprès de Raerel ?
- Normalement, on commence une discussion par les salutations, soupira la créature longuement.
- Vous ne m’avez pas salué non plus, contra Saêl sur la défensive.
- Je soliloquais, nuance, retourna l'être.
Interdit et méfiant, Saêl toisa cette étrange apparition que son esprit tordu avait engendré.
L’inconnu - car l’apparition avait une voix masculine - lâcha un nouveau soupir, cette fois-ci avec un air un brin agacé.
- Je ne suis pas un rêve né de l'esprit rudimentaire d’un simple humain ! Je te rappelle que le rêve, ici, c’est toi.
Saêl garda le silence, continuant à toiser l’inconnu, et croisa les bras devant la poitrine, ne sachant pas comment réagir face à cet évènement étrange qu’il n’arrivait pas encore à bien saisir. Il s’était endormi et avait commencé à rêver. Et pendant ce rêve, cet être l’en avait arraché pour l’amener ailleurs ? Pourquoi faisait-on une chose aussi tordue ?
- Alors ? demanda l’être après un moment de silence.
- Alors quoi ?
- Les salutations, voyons ! soupira-t-il. La base de la base de la politesse la plus basique, je t’en prie ! Le minimum !
Incrédule, l’anémologue le fixa.
- Mais…
- Eh, eh, eh ! l'arrêta l’être comme s’il sermonnait un enfant, levant un index réprobateur vers Saêl en secouant la main, ce qui envoya une nouvelle vague de fumée colorée partout. Comment débute-t-on une conversation correctement, hm ?
Un son entre le grognement et le soupir sortit de la bouche à Saêl
- Mauvaise réponse. Essaie encore.
L’anémologue roula des yeux, irrité par le sourire moqueur de l’être.
- Salut, capitula-t-il, sifflant d’un air irrité.
- On peut faire mieux pour l’intonation, remarqua l’inconnu, mais on va dire que c’est bon pour cette fois.
Il s’accouda à son siège invisible de son bras libre et appuya son visage au creux de sa main, toisant Saêl de son masque sans yeux.
- Bienvenue Saêl, lança-t-il subitement sur un air guilleret, dans ce faux rêve que j’ai créé ! Tu devrais être honoré que je t’aie convoqué pour une discussion en tête-à-tête au point de t’agenouiller devant moi et embrasser mes souliers ! Mais passons ce détail, les rêves humains ont la fâcheuse tendance à être trop bref pour pouvoir s’attarder sur les formalités. Je ne peux te garder ici, sous cette forme, que le temps que dure ton rêve.
- Vous ne manquez pas de souffle, grogna Saêl avant de rire face à cette créature au comportement incompréhensible. Vous vous êtes attardé pourtant longuement sur la salutation.
- Car la salutation, cher Saêl, est la base de la politesse, ainsi que je l'ai déjà dit ! répliqua l’être en pointant la pipe vers lui. Embrasser mes chaussures aussi, ceci dit. Mais nous garderons la séance où tu t’agenouilleras dans la boue pour admettre ma supériorité absolue et me prouver ta dévotion d’être misérable à ma merci pour une autre fois.
- Hé bien, vous êtes un charmant personnage, fit Saêl d’une voix légèrement tremblante, trahissant son malaise.
- N’est-ce pas ? approuva l’être en hochant la tête. Le moment viendra où tu sauras apprécier l’importance que je t’accorde en ce moment même avec cette petite réunion. Mais pour le moment, j’ai envie de te montrer quelque chose.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire